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Des mots à l'image
31 août 2008

danse sur le soir..

1_mongolie_contortioniste_yourte

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Commentaires
F
Marie, je tiens à enlever dans mon commentaire "d'une manière splendide" ...l'adjectif est mal choisi ...maintenant quand je regarde son visage,je devine les larmes qui ne sont pas loin.<br /> Mon poème aussi, il faudrait l'enlever ...je ne connaissais pas l'histoire de cette photo avant de l'écrire ...désolée.
B
Des yeux au bord des larmes, un sourir tellement crispé qu'il ne peut plus porter ce nom. Est-ce cela être enfant, au fin fond de l'Asie ?
F
Marie, (vous)tu viens de nous faire partager un épisode de votre voyage d'une manière splendide!<br /> Beaucoup de sentiments et d'émotion dans tes mots ...Je crois que je la vois cette petite fille qui a peur de décevoir, de se faire gronder, qui a mal et envie de pleurer...et qui aimerait être ailleurs...<br /> Les photos du petit garçon et de "Chimeg" sont sur le mur dans ma chambre
M
C'était un soir, dans la vallée d'Orkhon, où nous avions délaissé la tente pour le confort d'une "ger", près de celle d'un éleveur de chevaux.<br /> Une proposition : écouter de la musique et des chants traditionnels dans le cadre d'un petit spectacle présenté à la demande, de village en village, par un musicien mongol.<br /> <br /> Il faut dire qu'en Mongolie, la musique est au coeur de la vie, appréciée de tous : moyen d'expression, de communication, d'échanges et de joyeuse complicité.Il en est de même du "contorsionnisme", véritable "spécialité" mongole, érigée dans le pays au rang de patrimoine culturel comme expression d'un talent artistique au même titre que les danses traditionnelles et les chants populaires. Dès l'âge de 4-5 ans, les enfants - essentiellement les petites filles - se plient à un entraînement rigoureux, souvent douloureux, pour acquérir une souplesse extrême qui les font se disloquer comme des pantins.<br /> <br /> La prestation musicale annoncée devait donc être précédée par un tel numéro, effectué par une fillette d'une dizaine d'années ...<br /> <br /> La petite contorsionniste au physique frêle se présenta, gracieuse, au public attentif que nous étions : beauté angélique aux allures de poupée fragile dans sa petite robe de scène colorée,soigneusement coiffée et maquillée ...<br /> <br /> On la découvrit bientôt gymnaste, acrobate, danseuse : gestes graciles des mains, cambrure marquée des reins, port de tête majestueux, regard pénétrant, gestuelle appliquée ... elle exécutait consciencieusement ses exercices avec un sérieux empreint d'une grâce toute infantile, conclus à chaque fois par une révérence harmonieuse.<br /> <br /> Les numéros se succédaient, crescendo, nous a-t-il semblé, en termes de difficulté. Des familles de nomades étaient accourues aux premières notes de la musique qui accompagnait les évolutions de la fillette : leurs applaudissements, réellement sincères, et les nôtres, bien sûr, ponctuaient ce spectacle charmant : nous étions tous sous le charme de cette enfant-caoutchouc qui forçait notre admiration et notre respect !<br /> <br /> Puis vint le moment de l'ultime numéro qui devait être, sans nul doute, le clou de la soirée : un manchon de tissu était fixé au bout d'une perche d'un peu plus d'un mètre, assujettie à la petite estrade qui servait de scène. La gamine serra alors, de toutes ses forces avec les dents, cette gaine de tissu puis, se jouant de sa colonne vertébrale, elle éleva ses jambes au-dessus de sa tête pour les recourber à l'avant, en position horizontale. Chacun retenait son souffle car on réalisa très vite que l'ultime défi était d'enlever ses mains de l'estrade pour atteindre, de fait, un fragile équilibre, défiant ainsi les lois de l'apesanteur !<br /> <br /> Premier essai : premier échec !<br /> Mais, pas question pour elle de renoncer d'autant que les encouragements de celui que l'on supposait être son mentor, l'exhortait à persévérer, à redoubler ses efforts. <br /> <br /> Le supplice recommença alors et sur ce visage d'enfant, on ne fut pas sans remarquer les muscles tendus par une douleur à la limite du supportable et les larmes qui perlèrent bientôt au coin des yeux.<br /> <br /> Nos appaudissements récompensèrent son courage et sa ténacité mais ils avaient, pour plusieurs d'entre nous, un arrière-goût amer, gagnés que nous étions par un sentiment de malaise, de tristesse, pour ne pas dire de honte - c'est ce que j'ai personnellement ressenti - d'avoir, en quelque sorte, participé indirectement à cette forme de maltraitance-spectacle puisque nous étions le public qu'il fallait à tout prix étonner. <br /> <br /> Je n'oublierai pas la petite contorsionniste de la vallée d'Orkhon, si belle sur cette photo : pourtant, je ne vois rien d'autre, au travers de ce visage, que des larmes silencieuses, imprégnées encore longtemps dans ma mémoire.<br /> <br /> Et le musicien-chanteur du début du récit ? Je ne l'ai pas oublié !<br /> Mais c'est une autre histoire ...
M
CDV 6 : la petite
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