Un petit bout de mer

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[Dane-Alivia]

Isab, ce n'est ni un bonheur, ni une tristesse, juste des souvenirs nimbés du temps qui a passé, auréolés d'une lumière qui ne veut pas s'éteindre.
Rien ne s'efface, tout est soigneusement rangé dans le tiroir aux secrets.

[ISAB]

tu te souviens avec tristesse? Ou seulement comme d'un bonheur qui a été, et n'est ce pas suffisant, le bonheur c'est si rare à trouver, et impossible à garder.

[Dane-]

Le soir allonge les silhouettes, a un goût de passé qui jongle avec le vent, les illusions s'en sont allées sur le sentier aux chimères, un air de déjà plus flotte entre les maisons, rien n'est plus comme avant, le temps a pris son temps pour noyer de routine la vie de tous les jours, pourtant je me souviens du chaos des vagues sur les rochers, des rouleaux d'écume dansant sur la mer déchaînée, du vent brisant les branches mortes, déchirant le ciel et les nuages effilochés, je me souviens des traces fines de tes pas sur le sable, l'empreinte du jour sur le soir qui s'éteint, du galet blond et des feuilles de nacre échouées sur la plage.
Je me souviens des larmes de la pluie coulant sur mon visage et ce dernier regard qui sombre dans l'oubli. Je me souviens des maisons blanches blotties au creux de la falaise, gardiennes de toutes les folies, du goût du sel sur tes cheveux bouclés, de la danse des flammes sur le soleil couchant, du soleil étourdi par l'averse soudaine, de l'émeraude de l'océan sur fond de ciel noir.
Je me souviens aussi des mouettes trouant le bleu de l'eau, de la voile blanche du plus grand des bateaux, des cris des enfants sur le voilier qui tangue sa danse nonchalante de sorcier enivré.
Je me souviens des éclats de lumière que diffuse le phare. Je me souviens de toutes les chansons, de toutes les promesses, des regards, des mots emportés par le vent, de la petite place bordée d'échoppes fraîches et des pavés trop ronds des ruelles le soir. Je me souviens de tout, de l'odeur du passé...